21H01

Je me sens m’en aller. Le poids est lĂ©ger, les mots sans peine et sans regret, mais avec la douleur ancrĂ©e dans un espoir de miracle impossible Ă  exaucer. Je laisse l’enfant en moi s’enfermer dans un coin de ma foi et l’adulte prendre le dessus sur ce que l’on appelle la suite inĂ©luctable d’une vie emplie de choix. Quel crime contre l’humanitĂ© que de tuer l’enfant que l’on a en soi pour devenir l’adulte que l’on ne rĂȘvait pas de devenir quoi qu’il en soit. Le petiot que j’étais est Ă  prĂ©sent dans une cellule dans le noir Ă  se cacher de la vision d’un monde qu’il ne peut que regretter.
J’ai tentĂ©, mais en vain de le garder Ă  mes cĂŽtĂ©s, mais dans un univers oĂč la maturitĂ© est une loi de rĂ©gularitĂ©, on ne peut que clĂŽturer avec tristesse l’enfance que l’on souhaitait durer pour l’éternitĂ©.
Il est parti le loupiot aux airs d’ange, sĂ©questrĂ© dans un sous-sol humide avec juste une main qui puisse dĂ©passer des barreaux, les jours oĂč je regarde avec ruine mes espoirs derriĂšre moi. Adieu mon gamin, je connais ta tristesse de la captivitĂ© dans une piĂšce noire de mon cƓur que je laisserai fermĂ©e Ă  jamais, mais sois sĂ»r mon enfant que je ne le fais qu’avec abandon et contrariĂ©tĂ©. L’enfance est un Ă©tat que les matures et dĂ©veloppĂ©s oublient, tant ils ont dĂ©sappris que c’est cette jeunesse qui a fait d’eux des majeurs responsables et sĂ©rieux dans un monde maussade et Ă©plorĂ© d’un milliard de poupons incarcĂ©rĂ©s dans des maisons d’arrĂȘt de lamentĂ©s.
Je me sens m’en aller. Le poids est lĂ©ger, les mots sans peine et sans regret mais je ne peux m’empĂȘcher de lui donner la grĂące prĂ©sidentielle, Ă  ce petit que je ne pourrai jamais lĂącher.
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6 commentaires sur “21H01

  1. TrÚs belle écriture. Il vous faudra un jour publier pour devenir le Yves Navarre de ce siÚcle-ci. Je vous le souhaite.

  2. Votre texte est trĂšs touchant. Votre Ă©criture acĂ©rĂ©e traduit avec beaucoup de force ce drame intĂ©rieur que chacun connaĂźt ( Ă  sa mesure , Ă  la mesure de son histoire ) ce dĂ©chirement entre l’enfant blessĂ© et l’adulte abandonnĂ©. Ce passage en particulier : « Il est parti le loupiot aux airs d’ange, sĂ©questrĂ© dans un sous-sol humide avec juste une main qui puisse dĂ©passer des barreaux, les jours oĂč je regarde avec ruine mes espoirs derriĂšre moi. Adieu mon gamin, je connais ta tristesse de la captivitĂ© dans une piĂšce noire de mon cƓur que je laisserai fermĂ©e Ă  jamais, mais sois sĂ»r mon enfant que je ne le fais qu’avec abandon et contrariĂ©tĂ©. » est trĂšs fort . Difficile de le lire sans que les mots ne se serrent en fond de gorge . Merci de ce partage

    1. Merci infiniment pour votre commentaire, je vous avoue qu’Ă©crire ce texte a Ă©tĂ© trĂšs compliquĂ© mais en mĂȘme temps libĂ©rateur. Une nouvelle fois je vous remercie..

      1. Je vous en prie ; vos textes sont trĂšs touchants. Pour ma part il me permettent souvent de me raccorder aux parts tranchantes, sincĂšres et tendres Ă  la fois de ma plume . Merci Ă  vous

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