
« Pourriez-vous écrire des textes joyeux ? Vos poÚmes sont horriblement tristes ! Merci ».
8 h 27, et je me rends compte que la cruautĂ© nâest pas que dans mes pensĂ©es, que le savoir est un ouvrage dâatrocitĂ© publiĂ© sur la place publique des abominables qui pensent que leurs pensĂ©es sont celles que lâon devrait produire pour leur bonheur et le plaisir avouĂ©. Mes textes sont donc effroyables, ma vision est suffisamment Ă©pouvantable, pour que lâon prenne le temps de me dire que mes papiers de mĂ©moire se devraient dâĂȘtre plus magnifiĂ©s, plus lissĂ©s et surtout moins horribles, moins monstrueux et moins intolĂ©rables de vĂ©ritĂ©. 8 h 27, devrais-je mâexcuser dâĂȘtre celui que les autres ont façonnĂ© ? Devrais-je me faire pardonner de lâinsupportable rĂ©alitĂ© de lâhomme que je ne serai jamais ? Je nâĂ©cris pas pour vous madame, ni pour les quelques centaines dâyeux qui me rendent visite tous les mois, mes billets sont des calligraphies de vie, des composĂ©s de mon passĂ©, des consignes consignĂ©es de ma vĂ©ritĂ© et surtout des exposĂ©s de mes terreurs arrivĂ©es. Je nâĂ©cris pas pour le plaisir et la distraction, jâĂ©cris pour mâĂ©crire, je le fais pour griffonner, exprimer ce que les autres mâont fait, pour acter lâidĂ©ogramme des imprimĂ©s de vos actes manquĂ©s.
Je suis un prétexte, un pardon, un regret et une raison, ce lieu est une explication du justifiable, une défense des aliénables allégations produites par des diables.
Ici, câest mon alibi, mon dĂ©campement, ma dĂ©charge et leur dĂ©faite. Cet endroit, câest ce que les autres⊠Ceux qui ont fait de mon corps un objet, ceux qui ont fait de mon Ăąme un dĂ©chet nâauront pas. Alors madame, si mes notes et mes transcrits ne vous charment guĂšre, rappelez-vous que câest un adulte qui Ă©coute lâenfant en lui, lui dicte les mots de ses insuccĂšs, et si cela vous plaĂźt encore moins, laissez donc la route passer avec cette guerre que je me mĂšne, se dĂ©peupler dâune personne de moins qui pourrait mâaccompagner.
Je suis un prĂ©texte, un pardon, un regret et une raison, mes in-quarto sont des extraits formels sur le chaos quâa Ă©tĂ© et restera la vie que je menai et mĂšnerai loin de moi. Ce nâest quâune dĂ©charge de mes dĂ©faites rĂ©alisĂ©es, ce nâest quâune dĂ©robade des dispersions des auto-disculpĂ©s qui ont rĂ©alisĂ© des crimes contre la personne que je ne serai jamais. Je ne vous cherche pas, la captive de la fascination agréée ne mâa jamais captivĂ©, vous sĂ©duire nâa jamais Ă©tĂ© lâobjet de ma sincĂ©ritĂ© mĂ©lancolique dâune morose trop affligeante et trop misĂ©rabiliste, dâune dĂ©solation dont je me sais dĂ©couragĂ© et dĂ©courageante pour des Ăąmes bien rangĂ©es. Je nâĂ©cris pas pour le plaisir et la distraction, jâĂ©cris pour mâĂ©crire, je le fais pour griffonner, exprimer ce que les autres mâont fait, pour acter lâidĂ©ogramme des imprimĂ©s de vos actes manquĂ©s.
Pouvoir, je le pourrais, mais vouloir Ă jamais jâen voudrais. Pardonnez-moi le rĂ©el, je vous demande lâabsolution de cette vĂ©racitĂ© qui mâest cruelle, mais aussi la grĂące de la chimĂ©rique Ă©vidence que mes dommages sont ainsi. Excusez-moi dâavoir vĂ©cu, excusez-moi pour ceux qui mâont battu alors que je devais ĂȘtre secouru, je vous demande lâindulgence pour les viols que lâon m’a fait et pour tous je vous souhaite la rĂ©mission. Veuillez rĂ©aliser une amnistie sur le reste, que je ne pourrais vous nommer tant ce texte mâest dĂ©jĂ une Ă©preuve que je ne pensais jamais voir arriver.
« Pourriez-vous écrire des textes joyeux ? Vos poÚmes sont horriblement tristes ! Merci ».
Non, je ne le pourrais, mais moi aussi, jâai une impossible irrĂ©alitĂ© Ă vous demander. Pourriez-vous tout effacer et faire que je sois le garçon que lâon rĂȘvait avant que ma naissance ne dĂ©truise cette famille qui nâa jamais su se parler ? Pourriez-vous faire de moi un garçonnet aimĂ© des parents que je voulais ? Pourriez-vous façonner un passĂ© moins horrible de vĂ©racitĂ© ? Le pourriez-vous ? Si jamais vous ne pouvez pas, je ne sais pour quelle raison qui ne peut ĂȘtre que valable dans un monde oĂč la rĂ©alitĂ© fait que la magie nâest quâune histoire que lâon sâest inventĂ©e, pourriez-vous me faire oublier les viols alors que je commençais Ă peine Ă marcher sur cette terre qui nâaura Ă©tĂ© quâune farandole de contritions oligopoles. Oui, madame, pourriez-vous me donner lâoubli ou la mort ? Pourriez-vous remplacer les parents que je nâai pas ? Pourriez-vous me pardonner de dire tout ce que mon corps a endurĂ© ?
Madame⊠Je ne suis quâun prĂ©texte dâĂ©motions, un pardon de dĂ©solation, un regret dâaffliction et une raison de damnation. Mes Ćuvres sont des morceaux dâinfractions pĂ©nibles, ma vie est une perversion de faits qui se sont rĂ©alisĂ©s consĂ©cutivement les uns aprĂšs les autres avec mĂ©diocritĂ© et supplice calomniĂ©. Mais si vous voulez de la poĂ©sie fleurie, des textes ancrĂ©s dans une beautĂ© du parfait, je vous conseille les Ă©crits de ceux qui nâont rien fait, car ils ne sont concernĂ©s que par la perfection dâun monde quâils ne cessent de sâinventer.


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