
Je nâai jamais choisi la vie,
toujours regretté les avis
éternellement endeuillé les préavis,
et sans cesse assouvi lâinassouvi.
Quâavons nous pu faire pour mĂ©riter de vivre, si ce nâest avoir Ă©tĂ© au mauvais endroit le mauvais jour en ayant cru que le fait dâaller plus vite et plus loin nous sauverait dâun futur empli de regrets.
Je nâĂ©tais que graine et dĂ©jĂ les mauvais choix Ă©taient prĂ©sents, lĂ Ă cĂŽtĂ© de moi, comme une ombre qui suivrait un vieil homme en fin de vie ; mais malheureusement pour moi cette ombre allait me donner lâexistence, sans quâelle se soucie quâĂ aucun moment de ma vie je veuille de cette prĂ©sence parmi des humains inanimĂ©s dâhumanitaire dĂ©shumanisĂ©e.
Vivre pour vivre car survivre est devenu un mot furtif, que lâon ne peut mĂȘme plus prononcer futilement, car mĂȘme furtivement il obscurcit une rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ bien assourdissante de mots abusivement engourdissants dâassoupissement.
Je nâavais jamais demandĂ© Ă vivre, Ă mon grand regret aucune aiguille Ă tricoter ne passa dans lâorifice qui me servait dâincubateur.
Ni de fausse couche, que des Ă©checs, pas dâinsuccĂšs, juste une faillite torpillante qui mettra le monde dans lâembarras, Ă la vue de ce bout de rien faux-fuyant dâune air subterfuge qui rappelle le dĂźner aux chandelles qui a donnĂ© le dĂ©but dâexistence de ce charabia de confusion dĂ©sordonnĂ©e de laideur et de braillements.
Jâouvre un Ćil et souhaite dĂ©jĂ quâil soit percĂ©, je pousse un cri et constate que je ne suis pas muet, jâouvre le second Ćil et regarde avec pitiĂ© cette femme prĂ©parer ces affaires, pour laisser son bambin quâelle ne nommera jamais bĂ©bĂ©, car Ă ses yeux il nâest que le gosse descendant dâun mufle bien moche qui au lieu de la nourrir lui a fait un nourrisson aux airs de progĂ©niture, rejeton bien loin de lâimage du poupon quâelle se faisait.
Câest peut-ĂȘtre la seule fois oĂč jâaurais pu dire « mĂšre », mais Ă cet Ăąge-lĂ , on ne parle pas, on braille en beuglant quelque aboiement qui se confond avec des gĂ©missements grinçants de disgrĂące.
Mais mĂšre si j’avais pu dire une phrase comprĂ©hensible, je vous aurais affirmĂ© que le meilleur moyen pour neutraliser la gangrĂšne, câest le poison, et que du poison vous en aviez Ă foison dans votre gĂ©nĂ©ration, alors ne vous privez pas de me priver de vivre cela, car tout comme vous, je ne souhaite pas de moi.

C’est un beau texte qui est aussi trĂšs dur…
Merci beaucoup