02H34

Je n’ai jamais choisi la vie,

toujours regretté les avis

éternellement endeuillé les préavis,

et sans cesse assouvi l’inassouvi.

Qu’avons nous pu faire pour mĂ©riter de vivre, si ce n’est avoir Ă©tĂ© au mauvais endroit le mauvais jour en ayant cru que le fait d’aller plus vite et plus loin nous sauverait d’un futur empli de regrets.

Je n’étais que graine et dĂ©jĂ  les mauvais choix Ă©taient prĂ©sents, lĂ  Ă  cĂŽtĂ© de moi, comme une ombre qui suivrait un vieil homme en fin de vie ; mais malheureusement pour moi cette ombre allait me donner l’existence, sans qu’elle se soucie qu’à aucun moment de ma vie je veuille de cette prĂ©sence parmi des humains inanimĂ©s d’humanitaire dĂ©shumanisĂ©e.

Vivre pour vivre car survivre est devenu un mot furtif, que l’on ne peut mĂȘme plus prononcer futilement, car mĂȘme furtivement il obscurcit une rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  bien assourdissante de mots abusivement engourdissants d’assoupissement.

Je n’avais jamais demandĂ© Ă  vivre, Ă  mon grand regret aucune aiguille Ă  tricoter ne passa dans l’orifice qui me servait d’incubateur.

Ni de fausse couche, que des Ă©checs, pas d’insuccĂšs, juste une faillite torpillante qui mettra le monde dans l’embarras, Ă  la vue de ce bout de rien faux-fuyant d’une air subterfuge qui rappelle le dĂźner aux chandelles qui a donnĂ© le dĂ©but d’existence de ce charabia de confusion dĂ©sordonnĂ©e de laideur et de braillements.

J’ouvre un Ɠil et souhaite dĂ©jĂ  qu’il soit percĂ©, je pousse un cri et constate que je ne suis pas muet, j’ouvre le second Ɠil et regarde avec pitiĂ© cette femme prĂ©parer ces affaires, pour laisser son bambin qu’elle ne nommera jamais bĂ©bĂ©, car Ă  ses yeux il n’est que le gosse descendant d’un mufle bien moche qui au lieu de la nourrir lui a fait un nourrisson aux airs de progĂ©niture, rejeton bien loin de l’image du poupon qu’elle se faisait.

C’est peut-ĂȘtre la seule fois oĂč j’aurais pu dire « mĂšre Â», mais Ă  cet Ăąge-lĂ , on ne parle pas, on braille en beuglant quelque aboiement qui se confond avec des gĂ©missements grinçants de disgrĂące.

Mais mĂšre si j’avais pu dire une phrase comprĂ©hensible, je vous aurais affirmĂ© que le meilleur moyen pour neutraliser la gangrĂšne, c’est le poison, et que du poison vous en aviez Ă  foison dans votre gĂ©nĂ©ration, alors ne vous privez pas de me priver de vivre cela, car tout comme vous, je ne souhaite pas de moi.

2 commentaires sur “02H34

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icÎne pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez Ă  l’aide de votre compte WordPress.com. DĂ©connexion /  Changer )

Photo Google

Vous commentez Ă  l’aide de votre compte Google. DĂ©connexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez Ă  l’aide de votre compte Twitter. DĂ©connexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez Ă  l’aide de votre compte Facebook. DĂ©connexion /  Changer )

Connexion Ă  %s