03H28

C’était l’art de la brutalitĂ© et l’Ɠuvre d’un amour sans rĂ©alitĂ©, nous Ă©tions un ballet de fĂ©rocitĂ© tout en n’étant qu’une gambade de colĂšre et de fureur emplie d’irascibilitĂ©. J’étais le taureau, toi le torĂ©ador, ensemble nous gambadions sur la virulence et ces sĂ©vices, parfois, il y avait une contredanse de douceur calme et reposante, mais ensemble nous Ă©tions plutĂŽt dans un bolĂ©ro de torture et de dĂ©chaĂźnement. Tu avais un talent de rendre le moche
 beau, la laideur
 exceptionnelle et l’anĂ©antissement
 passionnant. Ton talent de corps Ă©tait sans demi-mesure, il m’a souvent plu de dire que tu Ă©tais un gĂ©nie des hĂ©moglobines, un industriel de l’aversion, mais surtout un architecte de mes ruines. J’aurais pu faire autrement, choisir une autre danse, peut-ĂȘtre un peu plus classique, mais je ne savais pas danser, tu Ă©tais mon maĂźtre, mon professeur, celui qui instruit l’idiot, qui enseigne au stupide et qui Ă©tait le maĂźtre sans ĂȘtre pĂ©dagogue du pauvre d’esprit que j’étais. Je t’aimais pour cela peut-ĂȘtre, pour ton intelligence, ta conception du monde, ton entendement abstrait de l’intuition des pensĂ©es, mais surtout pour ta maĂźtrise de l’esprit et de l’ñme que tu discernais dans mon incapacitĂ© Ă  ĂȘtre ou ne pas ĂȘtre. Je t’idolĂątrais, j’étais fou de ton habilitĂ© et de ton adresse sans artifice, je te vĂ©nĂ©rais pour ta dextĂ©ritĂ© Ă  m’émailler tout en me gravant comme un joaillier.

Tu Ă©tais un Ă©bĂ©niste et un pyromane, j’étais ton olivier et ton Ă©tincelle, la tentation Ă©tait trop grande, l’idĂ©e trop brĂ»lante sur tes doigts.

C’était l’art de la brutalitĂ© et l’Ɠuvre d’un amour sans rĂ©alitĂ©. Nous Ă©tions un tableau peint avec de la fiĂšvre, une croĂ»te acharnĂ©e par la furie de ta frĂ©nĂ©sie. Nous Ă©tions un ballet de fĂ©rocitĂ© photographiĂ© sans technicitĂ©, mais avec bestialitĂ©. Tu avais un talent de rendre le moche
 beau, la laideur
 exceptionnelle et l’anĂ©antissement
 passionnant. Mais ta fresque de sentiments ne m’a plus suffi, alors avec mon sang, j’ai dessinĂ© une esquisse d’une vie sans toi, j’ai choisi le coloris, je ne voulais plus de bleu, plus de violet, plus de noir. J’ai pris mon sac et mes pinceaux pour dessiner en couleur avec de la gouache l’avenir que je voulais sans angoisse. Tu auras Ă©tĂ© le premier essai, celui que l’on recouvre avec un paysage pour cacher le gĂąchis, mais je le sais aujourd’hui que ma technique est plus dĂ©trempĂ©e, mon futur sera une aquarelle de splendeur peinte en pastel d’harmonie fine et subtile.

J’aurais pu t’aimer encore dix annĂ©es, mais pour cela, il fallait que tu me protĂšges plutĂŽt que tu danses avec tes poings sur mon visage mal dessinĂ©.

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