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Mon corps est la seule chose que je contrĂŽle, j’éprouve une grande Ă©motion Ă  le torturer, l’amincir, le tatouer, le percer, le frapper, le violenter, le saigner ou mĂȘme pire le lacĂ©rer.

La reconnaissance de la toute-puissance de l’ascendance en toute efficacitĂ© d’une domination personnelle sur son organisme m’est exaltante. L’anatomie individuelle est notre propriĂ©tĂ© Ă  part entiĂšre, donc par traduction notre privĂ© intime devrait nous ĂȘtre en particulier et exclusivement situĂ© dans un Ă©goĂŻsme Ă©gocentrique singulier. C’est pour cela qu’une bĂ©atitude profonde et intense engorge mon corps quand une moindre douleur aussi infime soit-elle me pĂ©nĂštre. Elle peut ĂȘtre une pointe de compas, une lame de cutter, une aiguille Ă  coudre, et les mauvais jours, je prends un couteau chauffĂ© Ă  la cuisiniĂšre Ă©lectrique, un mĂ©got de cigarette, une bulle d’air enfoncĂ©e sous la peau avec le suspense de peut-ĂȘtre la mettre dans une veine.

Je dois avouer avec une pointe de jubilation que le mieux reste l’expĂ©rimentation de la famine ou de la dĂ©shydratation. Elles sont, ces deux derniĂšres, des douleurs lentes et pesantes, comme le fardeau de la vie que je porte en permanence.

J’aime avoir mal, souffrir intensĂ©ment.

Ainsi, je me contrĂŽle, je contrĂŽle tout, tout et encore tout, du moins le tout qu’il me reste en tout, et dieu sait qu’il ne me reste rien du tout. Ce n’est pas un viol, c’est un meurtre, je tue l’enfant qui Ă©tait restĂ© Ă©veillĂ© en moi pour rĂ©veiller la bĂȘte, le sauvage, l’animal, le rapace, le lion, le chacal. Voir mon sang couler et assumer la raideur profonde que cela procure est un acte puissant et sans fond Ă  l’enivrement contemplatif que cela me procure.

Mon corps est la seule chose que je contrĂŽle, certains disent que je ne contrĂŽle plus rien en me tabassant comme ça dans des soirĂ©es lointaines de toute humanitĂ©. Certains diront que je suis un fou dans une folie de masse ; sachez que nous sommes juste des animaux qui laissent leurs pulsions entrer dans une harmonie d’unisson sans dĂ©raison, mais avec beaucoup de passion.

J’aime me saigner, me lacĂ©rer, me torturer, le faire en me regardant dans un reflet, contempler la dĂ©formation de la rĂ©alitĂ©. J’aime, oui, j’aime souffrir comme au premier jour ou j’ai respirĂ©, j’aime, oh oui, j’aime que mon corps soit l’instrument de mes folies puissantes et emplies de regrets.

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