
CâĂ©tait inefficace, jâavais beau regarder en face de moi, je ne voyais que lâinfructueux, lâinutile ou pire, lâinfĂ©cond. Mes yeux Ă©carquillĂ©s par la drogue et lâalcool me rendaient mĂ©lancolique dâune stĂ©rilitĂ© dâimagination. Je ne voyais pas dâissue, pas dâexutoire ni de dĂ©versoir. Rien !! Il nây avait rien !! Rien que ma foutue solitude et mes narcotiques pour allĂ©ger mes tics psychotiques.
Lâinsignifiance de ma personne Ă©tait une frivolitĂ© chimĂ©rique aux yeux de tous, on ne me regardait pas, on jetait un Ćil de temps Ă autre pour vomir sans consistance le fondement sans importance et sans consĂ©quence de ma dĂ©chĂ©ance physique.
Jâavais Ă peine honte mais les autres avaient des remords du passĂ©, rĂ©flĂ©chissaient au repenti sans y croire, il y avait du dĂ©shonneur dans leurs pupilles, de lâhumiliation dans leur accointance Ă une personne, comme un dĂ©chet sans effet et sans motif quâil y avait en face de leurs orgueils glorieux dâune fausse prĂ©somption de supĂ©rioritĂ©, face Ă celui qui avait tout loupĂ©. Je pouvais ĂȘtre dans la turpitude ou lâabjection mais mĂȘme tout ceci, ainsi que lâignominie Ă©taient loin derriĂšre, cachĂ©es avec la pudeur, la rĂ©serve et la retenue. Quand on est en bas on voit mieux ce quâil se passe en haut, nâest-ce pas ? La vue y est plus panoramique, le spectacle a un aspect de perspective conceptuelle pornographique. On admire les autres, ceux qui ont rĂ©ussi, qui sont dans lâopulence du paraĂźtre, ceux qui habillent leurs corps et leurs sentiments de mensonges soyeux, lâĂ©lĂ©gance de leur chair nâest plus Ă faire. Ils transpirent le chic, sont vĂȘtus dâapparat et de dĂ©bauche, ils sont dans le monde, celui qui roule, qui fonce, qui court tandis que les autres regardent une nouvelle fois avec la rĂ©tine Ă©cartelĂ©e de ne pouvoir rĂ©ussir une seule phase de leur destinĂ©e. Ils ouvrent leur vue dĂ©mesurĂ©ment pour admirer ce quâils nâauront jamais, se dĂ©brident les paupiĂšres pour dĂ©faire et dĂ©plier la vĂ©ritĂ©. Mais Ă trop vouloir entrouvrir leurs prunelles, ils comprennent qu’ils ne pourront jamais parcourir la grandeur dâune vie sans souffrir de cette vĂ©ritĂ© pourrie par la rĂ©alitĂ©.
Puisque le rĂ©el pour eux est bien matĂ©rialisĂ© par lâavarie de vie telle quâelle est dĂ©finie en philosophie, plus de plaisirs, plus de joie, dâamour ou de soi, il nây a que la dĂ©composition putrĂ©fiĂ©e de leur corps et de leurs pensĂ©es. câest infect, ça pue, ça contamine la vue des autres, mais ça soulage de se dire quâils ne sont pas comme ces dĂ©pravĂ©s dĂ©tĂ©riorĂ©s de la sociĂ©tĂ©.
CâĂ©tait inopĂ©rant, jâavais beau regarder en face de moi, je ne voyais que lâinfructueux, lâinutile ou pire lâinfĂ©cond. Il ne me reste quâune nouvelle fois Ă Ă©carquiller mes yeux avec de la drogue et un verre dâalcool pour, une fois Ă©gorgĂ©e la mĂ©lancolie, inviter la survie Ă me conseiller sur mes choix obscurcis et assourdis quâil fallait Ă tout prix ne jamais rĂ©itĂ©rer.

J’aime beaucoup. .. « Il n’y a de l’excĂšs que dans l’excĂšs ! » citation d’un film. .
âQue tous les excĂšs de langage soient possibles en famille donne l’envie de connaĂźtre un milieu oĂč tout ne peut pas se dire.â
Robert Mallet dans l’utile et le futile .
Belle citation. La famille peut ĂȘtre un lieu d’ultra-violence mĂȘme silencieuse.