
Je me rappelle de toi, de ta peau, ton corps, ton odeur, ta douceur, ta voix grave, ta transpiration, tes cheveux et lâodeur de blĂ© qui sâen dĂ©gageait. Je me rappelle de tout et de rien en mĂȘme temps, je me rappelle de nos bras enlacĂ©s et les mille-et-un baisers que tu me faisais dans le cou pour soulager mes pensĂ©es. Je me rappelle ton odeur, une senteur de musc et de vanille, deux parfums que tu adorais mĂ©langer, mais dont tu taisais la provenance pour que personne ne puisse te copier. Je me rappelle de tout, je te le promets. Je nâai rien oublié⊠Comment pourrais-je oublier le premier, lâunique, le seul, celui qui a gravi les Ă©chelons pour mĂ©riter et retirer ma si belle et douce virginitĂ© ? Je me rappelle de toi, de ta peau, de ton corps, de ton odeur, de ta douceur, mais surtout de ta voix grave, si grave mais si rassurante, tellement rassuranteâŠ. Peut-ĂȘtre trop rassurante. Je me rappelle de tout et de rien en mĂȘme temps, mais le rivage des images sera Ă jamais lĂ pour me le rappeler.
Tu Ă©tais si beau que mes yeux ne pouvaient te regarder, tu Ă©tais si fort que ma peau ne pouvait te rĂ©sister, tu Ă©tais si envoĂ»tant que mĂȘme mon cerveau nâavait compris ce quâil se passait. Je nâai rien oubliĂ©, tu sais, et comment foutu dieu le pourrais-je ?
Je devenais ta gloire, ton numĂ©ro, ton nouveau, ta proie, ta maladie, ton combat et la force de ta contagion que tu voulais puissante et mortelle. Je me rappelle de toi, de ta peau, de ton corps, de ton odeur, de ta douceur, de ta voix grave et de tes mots qui dĂ©truiront Ă jamais mes espoirs dâune vie simple en bonne santĂ©. Tu Ă©tais si envoĂ»tant que je nâavais mĂȘme pas vu les prĂ©mices du virus redoutable que tu portais, avec la joie dâun enfant jouant avec des jeux dangereux en toussant des glaires noirĂątres qui sortent dâun corps si juvĂ©nile et rassurant. Je me rappelle de toi, de tes yeux, tu avais portĂ© des lentilles pour pouvoir mieux dĂ©serter face Ă lâinfection, ton iris avait la couleur de lâabandon et la lourdeur de lâindisposition.
Tu te pensais pupille de la nation, mais tu nâavais que ta cornĂ©e pour voir la vraie rĂ©alitĂ© de la lĂąchetĂ© de ton Ă©tat physique.
Croire en toi, croire au corps ciliaire et Ă lâhumeur aqueuse que cela provoque, te tenir au ligament suspenseur pour croire au regard que lâon pose sur les autres et sur toi. Tu as jouĂ© avec mes nerfs dans lâoptique dâoublier le trouble palpable de ta souffrance mentale et organique.
Tu te pensais dotĂ© dâun fort physique, mais en rĂ©alitĂ© le psychologique abattait seconde aprĂšs seconde ton mal, ton irrĂ©el alitĂ©, ta fausse patraque et ton dĂ©rĂšglement dĂ©rangĂ©. Tu Ă©tais fou dâune maniaquerie Ă la limite du monstre colossal qui Ă©tait vĂ©ridiquement en toi et qui tâempoisonnait larmes aprĂšs pleurs dâune vie que tu te savais maladive et corruptible. En rĂ©alitĂ© mon ami, tu tâes tuĂ© de la seule maladie que tu avais, et qui Ă©tait prodigieusement Ă©rotomane et cynique, la folie dâĂȘtre sans limite dans tes actes excessivement extrĂȘmes dâune immodĂ©ration outrageante.
Tu étais un diable qui avait une lentille de camera à la place des yeux, tu étais un narrateur de ton passé et un réalisateur du futur des autres.
Tu as fait de notre moment magique un film macabre visible de tous. Et tu as ri de ma gloire lugubre, tu as ri de ce script usurpĂ© dâun Ă©crivain baignĂ© dans la luxure. Tu avais portĂ© des lentilles pour pouvoir mieux dĂ©serter face Ă lâinfection, mon iris aujourdâhui a une couleur inhospitaliĂšre et la lourdeur de ton acte sur mon cĆur. Mais aujourdâhui je suis vivant, pendant que ton corps immoral et infect se dĂ©compose dans la fosse commune des oubliĂ©s de la sociĂ©tĂ© des faux intellects. Toi, tu as trĂ©passĂ© sans savoir que ton virus ne mâaura jamais attaquĂ©. Je devais ĂȘtre ta gloire, ton numĂ©ro, ton nouveau, ta proie, ta maladie, ton combat et la force de ta contagion que tu voulais puissante et mortelle, mais le destin en aura choisi autrement en mâoffrant une chance alors quâil te donna la malĂ©diction. Je suis vivant pendant que ton cadavre croupit dans lâhumus des gisants. Tu Ă©tais le premier, celui qui allait prendre ma virginitĂ©, mais plongĂ© dans la prĂ©somption de tes actes passĂ©s, tu as oubliĂ© que le destin pouvait lui aussi se charger de ceux qui sont sans regrets.
La conclusion nâavait jamais eu de solution, la terminaison Ă©tait limitĂ©e par des destructions, mais lâexĂ©cution fut une ode Ă sa pĂ©roraison.

J’aime. . Et c’est superbement Ă©crit.
merci beaucoup
Bon jour,
Un texte époustouflant.
En fait, il vous a choisi pour Ă©crire l’histoire. Votre histoire mais aussi l’historie d’un trĂšs grand nombre. L’oubli n’est pas Alzheimer, il est ce que l’on veut en faire et la mĂ©moire est ce feu sacrĂ© qui ose s’opposer au temps, Ă l’usure du nouveau, aux piques de la ruĂ©e vers le changement … La mĂ©moire s’est suer chaque jour sur la ligne du compteur du temps qui grave sa libertĂ© dans sa ronde rĂ©flexe de garde fou de l’Ă©ternitĂ© … vous avez Ă©crit votre Ă©ternitĂ© situĂ© Ă la hauteur de votre cĆur dont la raison porte les mots de bontĂ©, de sincĂ©ritĂ© et de colĂšre, de larmes, de fiertĂ© de vivre encore et encore …
Max-Louis
Bonjour, oui la mĂ©moire sâest suer chaque jour sur la ligne du compteur du temps qui grave sa libertĂ© dans sa ronde rĂ©flexe de garde-fou de lâĂ©ternitĂ©. Merci pour votre commentaire trĂšs beau et bien Ă©crit.