
23h57, il est seul, personne qui puisse le regarder, personne pour lâĂ©couter, il regarde lentement autour de lui, il fait nuit, il ouvre son sac, prend une boĂźte dorĂ©e, dedans se trouve le kit du parfait sniffeur de cocaĂŻne, il remet sa main dans le sac et sort un pochon de 2g, il nâa pas peur, il ne craint plus, il ne sait plus, il ne veut plus, il ne comprend plus, il n’entend plus, il ne voit plus, il ne sent plus, il se tue.
Il ouvre le pochon et prĂ©pare une poutre, il la prĂ©pare rapidement, il n’en peut plus, il ne sourit plus, il ne voit plus, il ne rit plus, il attrape sa paille, regarde une derniĂšre fois son or blanc, il le regarde comme si sa vie en dĂ©pendait, d’ailleurs sa vie en dĂ©pend Ă prĂ©sent, alors il sniffe, son nez sâanesthĂ©sie, en quelques secondes il revoit tout, il sourit, il pleure, il regarde, il entend, il voit, il comprend, il veut, il craint, il sent, tout sâaccĂ©lĂšre, il en veut plus, il recommence, il refait une poutre aussi rapide, il sâen met plein la bouche et les lĂšvres, il ne sent plus rien, il est en osmose avec la terre.
Il se drogue pour oublier, oublier qui il est, qui il ne sera jamais, qui il pourrait ne pas ĂȘtre, il souffre, mais pas assez ! Il va changer, sans regrets, il va redevenir ce quâil Ă©tait, il va se forcer Ă travestir la rĂ©alitĂ©, il Ă©tait 23h57 mais maintenant il nâest plus cette heure-ci, il est trop tard, tout a dĂ©jĂ commencĂ©, tout va se dĂ©rouler comme il ne lâavait pas prĂ©vu, Ă lui la drogue, la perche et les soirĂ©es aux allures indĂ©sirĂ©es, revoilĂ le mascara pour cacher ce quâil ne peut plus ĂȘtre, Ă lui les vĂȘtements larges pour cacher ce quâil a Ă©tĂ©, il ne pourra pas avoir honte, il ne comprend plus, il ne sait plus, et ne pourra jamais savoir car il est entrĂ© dans le milieu oĂč tout est noir.
Haineux, il traversera la nuit des trottoirs, petite bouche profitera de la touche pour gagner quelques sous en poche, il va devenir lâantipode de vos espoirs, il va devenir leurs regards.
Au revoir la gloire ?

Et vous y ĂȘtes brillamment arrivĂ©! vos Ă©crits, comme je l’ai dit prĂ©cĂ©demment nous dĂ©placent. Merci encore.
Merciiiiiiii đđđ
Des Ă©crits sans aucune concession tout comme vos autres textes. Le personnage conscient, lucide sâenfonce dans une dĂ©pendance qui lui procure autant de plaisir que de souffrance semble-t-il. Elle parait terrible cette fatalitĂ© qui sâabat sur lui, et on aurait envie dây mettre fin, de sortir ce personnage de ce cercle vicieux. Votre texte est aussi sensible, juste quâimplacable. Il met en exergue toute la contradiction dans laquelle peut sâempĂȘtrer lâĂȘtre humain: souffrir dâune situation et sây abandonner avec conviction ! Merci pour la beautĂ© du texte et lâexpression dense et complexe du personnage.
Vous avez parfaitement compris le texte et surtout lâĂ©crit. Jâai souhaitĂ© mettre le lecteur de lâautre cĂŽtĂ© de la barriĂšre, celui du droguĂ© qui a aussi quelque choses Ă perdre et Ă gagner dans la continuitĂ© de son Ă©chec qui fait une gloire de substitution.
On se demande si le personnage veut disparaßtre ou se soumettre à un rituel de la nuit. Beau texte bien senti. La photo est bien intéressante aussi. Bonne continuité en écriture.
đ merci (soumission) pour la rĂ©ponse .