
24 dĂ©cembre au soir, je me retrouve d’un seul regard Ă ĂȘtre le cadeau dâun homme au sommet de sa gloire.
Jâai les lĂšvres tout juste trempĂ©es de sang, tout en sachant que monsieur attend plus quâun simple cadeau, il exige de fĂȘter ce moment-lĂ tel que le monde le lui doit.
Car monsieur est grand; il nâest pas un humain ordinaire, il est plutĂŽt de la race des rois parmi les faibles, et cela dans sa juste rĂ©tribution mentalement laide.
« Abandonne ton corps » me dit ma petite voix intĂ©rieure, « Ne regarde rien et laisse faire » dit mon ĂȘtre extĂ©rieur. Mais mon for intĂ©rieur s’en dĂ©dira « Force-toi Ă voir chacune des choses quâil te fera, car pour rien au monde il ne faudrait que tu oublies une seule seconde la laideur de cette humanitĂ© rieuse dâune triste rancĆur ».
Puisquâil en est ainsi, et que lâintĂ©rieur ne peut quâavoir raison, de par son actif que lâultĂ©rieur ne pourrait jamais avoir, et ce malgrĂ© les pleurs de ne connaĂźtre sa destinĂ©e avant lâheure du sale quart-d’heure, je dĂ©cidai dâobserver chaque seconde de cette avalanche de coups et de blessures physiques et⊠Quelle bĂȘtise allais-je dire, le psychologique nâest plus, depuis le cynisme prĂ©dictif que ma propre mĂšre avait de mon emploi futur.
Je regardai la scĂšne tout en voulant en ĂȘtre lâacteur, et lâannonciateur. Sans quâune seule fois on y abrĂšge ma douleur, qui nâĂ©tait quâamplificateur de vigueur pour monsieur, Ă qui je fus offert pour mon plus grand malheur.
C’est pourquoi j’aime observer l’humanitĂ©. Elle m’intrigue, me faisant presque oublier la douleur, je finis par anticiper chaque accĂšs de dĂ©mence et de violence. Lâhumain est fait dĂ©cidĂ©ment pour dĂ©truire tout ce quâil peut, comme il le peut, quel quâen soit le prix ; il le fera avec dĂ©lectation et chaleur intĂ©rieure emplie de passion.
Lâhumain nâa dâhumanitĂ© que par dĂ©finition, parce que lui-mĂȘme s’en fait le parangon, mais nous savons au fond de nous que nos actes nous placent Ă la hauteur du plus abject des chacals.
Regardez ce monsieur qui me tient la tĂȘte comme un vulgaire bout de steak, ce lord qui mâenfourne avec violence, on entend son halĂštement de plus en plus fort, je sens des vagues dâair qui viennent et reviennent sur le bas de ma nuque, câest un chien qui baise une chienne, un salaud qui encule une salope, et un pĂ©dĂ© qui enfourne une pute.
La violence des mots est bien plus perverse que celle des coups, vous nâimaginez pas Ă quel point tous les mots quâil me dit pĂšsent plus que le poids de son ventre sur le bas de mes reins.
Je me suis promis dâobserver sans dĂ©ranger, je ne suis que lâobjet du sujet, et câest bel et bien lui qui est le sujet de mon observation. Je suis une souris de laboratoire, Ă qui lâon fait subir tous les sĂ©vices, pour mieux comprendre le fonctionnement de cette perversitĂ©, devenue virale et insoignable.
Je le regarde droit dans les yeux, dieu que cela est mĂ©lodieux, sa bouche coule de dĂ©sir, ses yeux saignent dâun loisir intense et l’espace s’emplit de gĂ©missements quâil aime Ă reproduire.
Oui, jâaime observer lâhumanitĂ©, jusqu’Ă ce que sous la violence, je mâĂ©vanouisse par manque de vivacitĂ©.
LâhumanitĂ© est belle, si l’on considĂšre que la laideur est une crĂ©ation, et que toute crĂ©ation est un art ; lâart bien que subjectif nâen reste pas moins une oeuvre majeure, alors ma considĂ©ration nâen est que plus appuyĂ©e sur la beautĂ© de cette humanitĂ© laide de cĆur.
24 dĂ©cembre au soir et je me rends compte quâil est trop tard pour mâacheter un espoir.

J’aime…
TrĂšs profond !
Merci đ
TrĂšs fort
Merci đ